Erró
La confusion du monde
3 juin / 25 novembre 2018
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La confusion du monde
3 juin / 25 novembre 2018
Composée d’une trentaine d’œuvres, de la fin des années 1950 jusqu’à aujourd’hui, l’exposition de l’Espace Paul Rebeyrolle n’en est pas pour autant une rétrospective. En convoquant tant le machinisme, l’art, le pouvoir, l’argent, l’ordre social que la longue marche de Mao, elle témoigne de la permanence d’une attitude créative et non d’un style ainsi que de la pertinence d’une œuvre qui ne cesse de se nourrir à l’écho du monde. Sans jamais se tarir.
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L’art d’Erró est requis par un furieux appétit d’images qu’il intègre à une forme de narration dont le fil tient aux circonvolutions d’un esprit en alerte permanente. « Pour que le récit figuratif puisse se développer, dit-il, il me faut imaginer, à tout moment, une structure ayant la dynamique d’une ville en coupe et la complexité d’un labyrinthe.» Par-delà leur apparente confusion, les œuvres du peintre sont toujours très construites et ses collages portent le plus souvent une mise aux carreaux qui en soulignent l’architecture. Ses tableaux présentent même parfois des lignes forces les structurant à la façon des cases d’une bande dessinée. Tel est le cas de Maximilien le Coréen (1987) qui opère la collusion entre différentes citations de l’histoire de l’art, peinte par Manet en 1868 et reprise par Picasso pour son Massacre en Corée en 1951 – et une égérie féminine tout droit sortie d’une BD.
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Ailleurs, comme dans Millet et les femmes fatales (1995), qui appartient à toute une série de tableaux déclinée sur plusieurs années, Erró joue de l’idée d’une grille aux lignes serpentines qui partage le champ iconique en un patchwork très mouvementé. Cela lui permet d’isoler les figures qu’il représente – historiques ou imaginaires – tout en multipliant les tons et les valeurs. Van Gogh, Léger, Miró, Dali, Matisse, Gauguin et quelques autres font ainsi partie de toute une galerie de portraits que le peintre confronte à différentes figures féminines référentielles. Tour à tour fatale, idéale – The Big Model Ideal (2009) -, symbolique, pin-up ou encore rockeuse – Be pippery (2001), la femme est une figure récurrente de l’univers d’Erró. Elle le charge tantôt d’une dimension sensuelle, voire érotique, tantôt d’un accent féministe, sinon rebelle. Mais qu’il convoque sur sa toile telle ou telle figure, féminine ou masculine, réelle ou inventée, la peinture est toujours pour lui l’occasion d’un « exercice de lyrisme, une sorte d’alchimie des sens, qui se révèlera une combinaison de signes picturaux.