Jean Messagier

Jean Messagier

Le prochain été

2 juin - 3 novembre 2024




Romain MATHIEU
Extrait du catalogue de l’exposition "Jean Messagier - Le prochain été" - Éditions Espace Paul Rebeyrolle, 2024

Joies, liberté, fêtes, sensualité, volupté… voici quelques mots parmi d’autres qui peuvent nous venir en grappes à la vue des œuvres Jean Messagier réunies pour cette exposition. On les trouve d’ailleurs souvent cités dans les catalogues de l’artiste ou dans ses propres écrits. On est aussi immédiatement interpellé par une autre caractéristique de ces œuvres : celle d’excéder les limites dans lesquelles on pourrait chercher à la circonscrire, d’échapper aux catégories – qu’il s’agisse d’abstraction ou de figuration, de bon goût ou de mauvais goût – pour évoluer en liberté. L’énergie qui souffle dans ces peintures associées par Messagier au printemps, fait songer au « vent du dégel » qui ouvre chez Nietzsche à l’expérience d’un « Gai savoir », à « un art espiègle, léger, fugace, divinement serein, divinement artificiel ».

CATALOGUE DE L'EXPOSITION
DISPONIBLE À L'ESPACE BOUTIQUE

Avez-vous déjà vu Picasso en juin ? (1987)
Acrylique sur toile, 100 x 75 cm / Photo Rémi Villaggi


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Messagier est un peintre que l’on peut probablement mieux voir aujourd’hui, justement parce qu’on le regarde en dehors des catégories passées. L’artiste fut associé à l’École de Paris, cette étiquette, devenue encombrante lorsque le triomphe de la peinture américaine délégitima la scène française au début des années soixante, apparaît rétrospectivement comme bien trop étriquée pour appréhender le rapport à l’espace pictural qui se déploie chez l’artiste au cours des années cinquante. Peintre de la seconde moitié du XXe siècle, sa peinture dialogue avec celle de ses contemporains et l’histoire de l’art peut s’appliquer à renouer les fils de ces relations, de l’abstraction américaine et française d’après-guerre jusqu’à la figuration libre des années quatre-vingt, en passant par la remise en cause du tableau par Supports / Surfaces au début des années soixante-dix. Mais elle s’inscrit aussi dans un horizon temporel plus large qui intègre le XVIIIe siècle, comme l’avait justement remarqué Marcel Duchamp, et se projette jusque dans notre XXIe siècle comme l’artiste aimait le proclamer.

 

 

 

 

 

Les Coqs (1942-43 circa) Huile sur toile, 73 x 92 cm
Photo François Vézien

L’Entrevue de Juillet (1962) Huile sur toile, 194,5 x 347,5 cm
Photo Studio François Vézien

Les Coqs (1942-43 circa) Huile sur toile, 73 x 92 cm
Photo François Vézien

L’Entrevue de Juillet (1962) Huile sur toile, 194,5 x 347,5 cm
Photo Studio François Vézien


Jean Messagier, docteur ès Printemps

 

« J’ai toujours l’envie folle de remplir les espaces d’enroulements vertigineux, éternels, répétés, démultipliés pour construire un palais dans le palais de la journée, de la nuit ou du jour, pour dédoubler la réalité, lui donner plus de force, jusqu’à l’épuisement, aller jusqu’au bout du spectacle, continuer une colline inachevée, les berges d’un fleuve, tous les sommets qui montent au ciel ou qui descendent dans les profondeurs, arroser tout cela de rosée, de parfum et de sang. »

Signature de la déclaration d’indépendance du printemps assisté par les radis de 18 jours et par l’ortie (1978)
Acrylique sur toile 200 x 300 cm. Photo Aurélien Mole